S.O.S. AQUARIUS
Mer Méditerranée
Les routes migratoires vers l’Europe se ferment les unes après les autres.
Barrières des enclaves espagnoles en terre marocaine. Accord entre l’Europe et la Turquie. Fermeture des frontières des voisins de la Grèce. Barbelés en Hongrie, Macédoine, Bulgarie.
Une seule route reste « ouverte » : la plus dangereuse, la plus longue, celle, en Méditerranée centrale, dite du Canal de Sicile. Les migrants embarquent sur des plages de Libye, parfois d’Egypte, espérant rejoindre l’Italie. Selon l’Office International pour les Migration (OIM), 2 765 personnes au moins se sont noyées entre le 1er janvier et le 15 septembre de cette année. D’autres, sans doute, avalés par la Méditerranée, resteront à jamais inconnus.
Au cours de la même période, 129 126 personnes ont été sauvées et ont débarqué en Italie.
Cette route-là a changé. Les passeurs se sont organisés. Presque plus de ces grands bateaux en bois, chalutiers au rebut. Maintenant, ce sont des canots pneumatiques blancs de 10 mètres de long, made in China, infiniment plus fragiles, au fond souple rigidifié artisanalement par de grosses planches vissées. Ils ne tiennent pas la mer, ploient sous le nombre de passagers – 120, 130 -, se cassent par le milieu. Ils partent sans eau et sans nourriture avec quelques bidons d’essence et souvent un téléphone portable pour appeler les secours. Ils n’ont aucune chance d’atteindre Lampedusa, l’île italienne la plus proche de la Libye, par leurs propres moyens.
L’opération militaire européenne Sophia, lancée en juin 2015, vise à surveiller et identifier les canots. Les navires engagés sauvent des vies, même si ce n’est pas leur mission première.
Parallèlement, des ONG ont affrété leurs propres bateaux. Dont l’unique mission est de sauver des vies.
Les photos et les témoignages présentés ont été prises et recueillis à bord de l’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée en mars et avril 2016.